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Intelligence artificielle et photographie : le début de la fin du monde réel ?


Connaissez-vous Midjourney ?

Peut-être pas, mais vous avez certainement déjà eu ses images sous les yeux, peut-être même sans vous en rendre compte.

Récemment, « la toile » s’est émerveillée devant les images d’un défilé de mode porté par des personnes âgées. Les commentaires allaient bon train, tant sur « la classe » des mannequins que sur l’originalité des vêtements portés. Ces images, hyperréalistes, n’étaient pas des vraies photos, mais des images générées par l’Intelligence artificielle.

Comment ça marche ?

Midjourney est un « bot », c’est à dire un robot que l’on peut contacter à travers un « channel » sur Discord (C’est un site sur lequel vous vous connectez pour discuter à l’oral ou à l’écrit avec d’autres personnes, réelles ou virtuelles). Ce bot traduit votre description en une image en interprétant les instructions que vous lui donnez. Plus les instructions sont précises, plus l’image a des chances de se rapprocher un peu de ce que vous pourriez avoir dans la tête.

Pour dire vrai, j’y ai passé de nombreuses heures, fascinée par cette technologie, motivée par l’idée de lui faire sortir une image qui pourrait ressembler à ce que j’avais dans la tête pour, par exemple, illustrer une publication ou un article de blog. Tout en étant consciente que cette technologie va mettre fin à beaucoup de métiers de l’image, si, en 60 secondes, on peut créer l’image dont on a besoin sans faire appel à personne…



Serait-ce la fin du monde réel dans les images que nous serons amené.es à voir l’avenir ?

L’utilisation de Midjourney (et d’autres, ce n’est pas le seul bot text-to-image) pose néanmoins question : où puise t’il l’inspiration pour « créer » ? En vérité, il puise la totalité de ses connaissances et de ses compétences dans l’immensité des données que nous avons mises sur internet. Par exemple si je lui demande un dessin « inspiré de Kirikou », il sait que Kirikou est un enfant noir. De même si on demande une image avec une actrice connue par exemple, le bot va pouvoir récupérer son apparence pour créer une image dans laquelle elle est représentée. Demandez-lui une photo « à la manière de tel photographe » et il puisera dans les archives disponibles du photographe en question pour en détecter le style et produire une image qui en tiendra compte. Cela signifie en quelque sorte qu’il « vole » la matière première, y compris celle qui est protégée par le droit d’auteur, pour en tirer parti. D’ailleurs quand vous demandez une image, il arrive régulièrement qu’un pseudo logo ou texte de copyright illisible soit représenté sur l’image. C’est bien la preuve qu’il a forcément dû aller souvent récupérer des images munies d’un copyright puisqu’il considère que cela fait partie de l’image, en en reproduisant un fictif.

Le bot apprend aussi de nos validations ou pas des images (nous sommes invités à noter la qualité de l’image fournie, ce qui lui permet de s’améliorer). Midjourney a encore quelques difficultés à comprendre qu’un humain a 5 doigts, ou qu’un bébé nouveau né n’a pas de dents (ce qui peut donner quelques résultats effrayants)…


Qui a des droits sur quoi ?

Les images ainsi créées n’appartiennent à personne et ne sont pas soumises au droit d’auteur, il y a pour le moment un vide juridique autour de ces images. Elles sont dans le domaine public et tout un chacun peut les utiliser, même si elles ont été « créées » à la demande de quelqu’un d’autre. Lorsque l’on s’abonne à Midjourney, on accède également à la galerie de toutes les créations, et l’on peut s’y servir, ou recopier les invites (descriptions) pour tenter de refaire d’autres images sur le même thème. Même si on tape exactement la même invite, on peut obtenir chaque fois des résultats très différents. Pour cette raison, j’estime que le fait de lancer une invite ne fait pas de nous un créateur.

Lorsque l’on s’abonne à Midjourney pour pouvoir créer des images, en vérité on n’achète pas le résultat, on achète du « temps de calcul » du robot. C’est, à mon sens, une façon de la part des créateurs du bot de se prémunir d’une quelconque responsabilité en termes de droits d’auteur sur les images en reportant sur l’utilisateur les éventuels problèmes auxquels il pourrait être soumis en cas d’attaque sur une question de droits.

A mon sens, il est possible que cela arrive un jour, si une image de Midjourney devait reprendre des éléments spécifiques à une marque ou à du contenu couvert par le droit d’auteur, qui serait tout à fait identifiable.


La variété des images produites, la beauté de certaines, nous donne la tentation de nous attribuer la paternité, voire de les mettre en vente sur différents supports, sans forcément dévoiler leur origine. Certains « artistes numériques » ont ainsi été démasqués.

Sans instructions spécifiques de rendu, MidJourney a son propre style.


Ce qui pose question, c’est qu’en vérité ils n’enfreignent aucune loi en utilisant et retravaillant parfois ces images, mais peut-on encore les considérer comme des artistes ?

L’avènement de l’intelligence artificielle qui peut totalement remplacer l’humain (en exploitant néanmoins sans rétribution son travail de base) se développe autant dans le domaine de l’image, que dans le domaine de la musique (création quasi instantanée de morceaux complets) ou de l’écriture (écriture autonome de contenu).


Cette tendance signe-t-elle la fin du monde réel, de la valorisation des compétences et de l’art créé par des humains ?

L’avenir nous le dira.

 

Nos ateliers:

Samedi 28 janvier 2023 c'était l' atelier Cyanotype avec Myriam de My Lab.

Nos participantes ont pu découvrir et expérimenter cet ancien procédé photographique.


L’atelier “L’abc de la photo” sur les bases de la photographie se déroulera le 25 mars 2023. Toutes les infos sont à présent disponible sur notre site et c’est ici.


Nos autres ateliers:

Le 11 mars, la photothérapie, un outil pour l'image et estime de soi avec Nafi Yao et Frédérique Mahy.

Le 27 mai, les bases de la photo de portrait en studio avec Cécile Quenum,

Expositions:

L’exposition Précieuse de Myriam Essène et Cécile Quenum a pris place à la maison de la francité et sera visible jusqu'au 9 février. Découvrez l'article qui lui fût dédié par "Le soir".


On reste en contact.





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